Les clés tactiques de Barça-Real

Rendez-vous inévitable du week-end européen, que nous réserve le Clasico de ce dimanche, le premier sans Messi ni Ronaldo depuis onze ans ? Alors que ni le FC Barcelone, ni le Real Madrid n'ont encore (re)trouvé leur forme optimale, les interrogations sont nombreuses.

Qui pour remplacer Messi... et comment ?

C'est évidemment la question qui agite l'Espagne depuis la blessure de Lionel Messi la semaine passée face au FC Séville (4-2). Comment va s'articuler l'attaque barcelonaise en l'absence de son mâle alpha ? Un premier aperçu a été donné face à l'Inter en Ligue des champions (2-0). Numériquement, c'est Rafinha qui a pris la place du capitaine blaugrana côté droit, avec des déplacements intelligents, un but inscrit et une discipline tactique qui en fait un favori pour affronter le Real dans un match où il faudra, forcément, limiter l'influence de Marcelo. Ousmane Dembélé et Malcom, qui n'ont pas franchement les faveurs d'Ernesto Valverde ces derniers temps, partent de loin. Dans l'animation, c'est plutôt vers Philippe Coutinho qu'il faudra se tourner, avec des décrochages, des courses entre les lignes et de l'orientation du jeu dans les trente derniers mètres. L'ancien Red a d'ailleurs touché 99 ballons face à l'Inter mercredi, son plus haut total de la saison derrière l'orgie offensive face à Huesca (8-2) le 2 septembre.

Qui aura le contrôle du ballon ?

Véritable caméléon capable de s'adapter à n'importe quel scenario de jeu sous Zinédine Zidane, le Real Madrid base plus son jeu sur la possession depuis l'arrivée de Julen Lopetegui. De 58% en 2017-18, la possession moyenne des Merengue en Liga est passée à 64% cette saison. Ce sera donc un véritable enjeu ce dimanche, sachant que le Barça de Valverde, malgré un retour au 4-3-3 et à une plus grande maîtrise, a moins tendance à confisquer le ballon sur l'ensemble d'un match (65% de possession moyenne tout de même). Le cœur du jeu mérite d'autant plus d'être observé qu'il n'est plus forcément le point fort des deux équipes. Le trio Modric-Casemiro-Kroos est en perte d'impact depuis plusieurs mois, alors qu'en Catalogne, on applaudit l'évolution rapide du Brésilien Arthur, adoubé par Xavi lui-même, autant qu'on pointe du doigt les performances moyennes d'Ivan Rakitic. Moins capables d'étouffer leurs adversaires dans l'entrejeu, Barcelonais et Madrilènes jouent gros dans ce secteur sur ce Clasico.

À quel niveau seront les défenses centrales ?

Si le Real Madrid a remporté, au printemps dernier, sa troisième Ligue des champions consécutive, il le doit en grande partie à sa charnière centrale. L'impact des temps faibles des Merengue était ainsi régulièrement minimisé par la domination, au sol, dans les airs, dans l'anticipation, d'un duo Varane-Ramos à son meilleur niveau. Depuis la reprise, les deux compères ont beaucoup de mal à retrouver leur forme, ne comblent plus les brèches et les autres maux du Real sautent aux yeux. En face, un homme cristallise les critiques depuis le début de saison : Gerard Piqué. L'ancien international espagnol multiplie les erreurs individuelles sur le terrain autant que les milliers de kilomètres en avion pour ses affaires personnelles. Ajoutés à la blessure de Samuel Umtiti, les manques de Piqué rendent très vulnérable une défense qui était la plus imperméable d'Espagne l'an passé (0,76 but encaissé par match en Liga, contre 1,22 en 2018-19).

Isco, le retour qui change tout ?

L'avenir dira si la carrière d'entraîneur de Julen Lopetegui au Real Madrid s'est jouée, au moins en partie, sur une appendicite. En attendant, il n'est pas anodin de noter que l'hospitalisation et la convalescence d'Isco a coïncidé avec l'énorme trou d'air des Merengue en septembre-octobre (quatre revers en cinq matches, 481 minutes sans marquer). Avant d'être lâché par son appendice, le meneur de jeu espagnol était le poumon d'une équipe qui avait démarré la saison par cinq victoires et un nul, Liga et Ligue des champions confondues. Cristiano Ronaldo parti, Luka Modric et Toni Kroos peinant à reprendre leur souffle après la Coupe du monde, Isco était alors l'unique référent madrilène pour faire la différence dans le dernier tiers du terrain, par un dribble, une passe, une frappe, un coup de pied arrêté... Forcément, son retour est une bénédiction pour une équipe qui a perdu une partie de ses repères. Sa mobilité, sa vision du jeu et ses inspirations ne seront pas de trop pour déséquilibrer une organisation barcelonaise perfectible entre les lignes