Liga: ce que Vidal peut apporter au Barça

Transfert imminent et surprise, Arturo Vidal est en passe de s’engager avec le Barça. Une opération qui répond à de nombreux critères pour un club catalan qui cherche à se renforcer en vue de la Ligue des champions. A condition de canaliser ce joueur à part.

Le Barça avait chipé Malcom à la Roma dans un souci de "faire le nombre", de se constituer un banc qui semblait bien vide la saison dernière et lui avait joué des tours. Avec Arturo Vidal, le club catalan va chercher autre chose: de la grinta, de la hargne, un nom aussi. Alors qu’il semblait proche de s’engager avec l’Inter, le Chilien devrait signer au Barça dans les prochaines heures. Sur le papier, tout d’un bon choix.

"Quelque chose de différent"

Sa crête et son regard noir lui donnent des airs de pirate… et il l’assume. Arturo Vidal est un gage de caractère dans un entrejeu du Barça qui en manquait. Puisque le duo qui a fait le succès des années Guardiola – Andrés Iniesta et Xavi – est parti en emmenant une partie de l’identité du club, il faut s’appuyer sur d’autres ressorts. Si le duo Lionel Messi-Luis Suarez n’a rien perdu de son mordant, le milieu de terrain était presque devenu un point faible, tant dans la création que surtout l’impact physique.

"Le club cherche des joueurs qui apportent quelque chose de différent, analysait jeudi l’ancien joueur du Barça Luis Garcia sur la Cadena Ser. Il va apporter de la qualité, des buts, beaucoup d’expérience." Vainqueur de la Copa América avec le Chili en 2015, l’ancien joueur de Colo-Colo s’était révélé au Bayer Leverkusen, avant de rejoindre la Juventus en 2011. Quadruple champion d’Italie, triple champion d’Allemagne avec le Bayern, il vient sans doute conquérir une Ligue des champions qui manque à son palmarès.

Plusieurs schémas possibles

L’arrivée d’Arturo Vidal au sein de l’effectif du Barça offre surtout à Ernesto Valverde des possibilités multiples. L’an dernier, les blessures (celle d’Ousmane Dembélé), les méformes (Andrés Iniesta et ses prestations en dents de scie) et un effectif peu fourni avaient poussé le manager du Barça à aligner une équipe constante pratiquement toute la saison. Le manque de turnover avait coûté cher au club catalan, qui visait pourtant une razzia – notamment européenne – et s’était finalement contenté d’un doublé national.

Avec Arturo Vidal, le technicien du Barça peut donc se permettre de choisir entre deux systèmes, sans y être pour autant contraint. En 4-3-3, Ernesto Valverde aurait alors le choix pour associer à sa sentinelle Sergio Busquets un Ivan Rakitic pour la force de l’habitude, un Arturo Vidal pour l’impact physique, un Philippe Coutinho pour un profil très technique, un Arthur qui va devoir prendre ses marques ou un Sergi Roberto pour la pointe de vitesse. Selon ses choix au milieu de terrain, l’entraîneur alignerait alors un trio Lionel Messi-Luis Suarez-Philippe Coutinho/Ousmane Dembélé/Malcom.

Dans une version en 4-4-2 (ou 4-4-1-1) esquissé toute la première moitié de saison dernière mais perfectible faute de nombre, Ernesto Valverde pourrait choisir de densifier son milieu de terrain. Busquets, Vidal, Rakitic, Arthur, Coutinho ou Roberto se disputeraient les places, derrière un duo Messi-Suarez inamovible. La formule pousserait Dembélé sur le banc… à moins que celui-ci ne soit prêté cette saison.

De l’expérience et un leader

Arturo Vidal arriverait au Barça dans une équipe en partie renouvelée, qui doit encore trouver ses marques dans cette transition post-Xavi et Iniesta, post-formation Masia aussi. Son vécu au plus haut niveau dans deux grands championnats européens devrait amener du poids et de l’autorité à un secteur en mutation, où ne subsiste que le pilier Busquets.

Sa mentalité de gagnant et son mental pourraient éviter à cette équipe quelques défaillances totales, comme ce fut le cas avec cette absence de réaction lors du match retour de la Roma en quart de finale de la Ligue des champions la saison dernière (4-1 pour les Catalans à l’aller, 3-0 pour les Romains au retour). En ce sens, il est une option plus crédible que Paulinho, reparti en Chine (en prêt avec option d’achat obligatoire).

A 31 ans, le joueur ne se présente toutefois pas comme une option de long terme pour le Barça. Et pas uniquement en raison de son âge. Le Chilien a montré au Bayern ou à la Juve une baisse de régime pour achever ses passages sur une dernière saison en demi-teinte. Et a connu une opération du genou en avril dernier, qui traduit sans doute une certaine fragilité et qui pourrait laisser des traces.

Mais attention aux frasques!

Le gros hic dans ce transfert demeure le comportement parfois ingérable d’un joueur qui a entamé son capital physique à coups de sorties arrosées ou de préparations tronquées. "Je connais très bien Arturo. Je sais ce qu'il est capable de faire, expliquait Jupp Heynckes en novembre après une victoire du Bayern contre Augsbourg (3-0). Lorsque je suis arrivé ici (après le limogeage de Carlo Ancelotti ndlr), je n'étais absolument pas satisfait de ses performances. Je le lui ai dit haut et clair. Il vient de travailler très intensivement pendant deux semaines."

Poursuivi pour coups et blessures lors d’une bagarre en boîte de nuit à Munich en 2017, le milieu de terrain est connu pour un goût les virées nocturnes et avait d’ailleurs eu un accident au volant de sa Ferrari il y a trois ans, alors qu’il était au-dessus de la limite de consommation d'alcool autorisée.

Une caractéristique devrait en revanche plaire du côté du Barça: son anti-madridisme. "Encore! Espèces de criminels!", s’était emporté le joueur en mai, après avoir vu son équipe du Bayern éliminée par le Real Madrid (il venait de se faire opérer du genou). A Barcelone, c’est une bonne base.