Qui est Julian Brandt, l'homme qui a doublé Leroy Sané ?

Joachim Löw a surpris son monde, lundi, en écartant Leroy Sané de sa liste des 23 pour la Coupe du monde. Auteur d'une superbe saison avec Manchester City, l'ailier a été dribblé dans le temps additionnel par Julian Brandt, un autre talent brut. À y regarder de plus près, le joueur du Bayer Leverkusen n'est pas un choix par défaut.

«Ç'a été une décision très compliquée. Si ç'avait été un 100 mètres, ça se serait décidé à la photo finish.» Conscient que son auditoire a pu être choqué par sa décision de se passer de Leroy Sané pour défendre son titre mondial en Russie, Joachim Löw a longuement expliqué les raisons qui l'ont amené, lundi, à écarter le Citizen de sa liste des 23 au profit de Julian Brandt. Les pronostics allaient bon train en Allemagne les heures précédentes, pour deviner quels seraient les quatre noms éliminés par le sélectionneur allemand à dix jours du début de la Coupe du monde. Et dans un secteur où rôdaient Sané, mais aussi Julian Draxler, Thomas Müller ou Marco Reus, Julian Brandt n'avait pas franchement la cote.Lire aussi : La liste des 23 de l'Allemagne

Le choix a paru d'autant plus curieux que les deux gamins partagent un profil technique similaire : vitesse, percussion, appétit pour le dribble, capacité à marquer et faire marquer. Ils peuvent tous les deux évoluer sur les deux ailes, et ont le même âge (22 ans). Sauf qu'a priori, l'un est plus doué que l'autre. Sané a en tout cas étalé ses capacités sur une scène plus prestigieuse cette saison, même si sa blessure à la cheville en début d'année l'a nettement freiné. Pendant ce temps, Brandt, qui totalise tout de même 132 matches de Bundesliga en quatre ans, et 21 apparitions en Ligue des champions, s'éclatait et progressait sans (trop de) bruit au sein d'un Bayer Leverkusen ultra-spectaculaire. Où la lumière était plutôt dirigée vers un autre prodige, le Jamaïcain Leon Bailey.

Flamboyant sur le terrain, discret en dehors

Mais s'il y a bien une chose qui n'empêche pas le natif de Brême de s'épanouir, c'est de rester dans l'ombre. Le jeune homme est annoncé du côté du Bayern ou de Liverpool depuis de longs mois ? Il ne force pas un départ prématuré, et prolonge même son contrat jusqu'en 2021 en avril dernier. La plupart des joueurs de son âge se charrient sur les réseaux sociaux ? Très peu pour lui, même s'il publie quelques clichés via Instagram. «Mon père m'a dit : "Plus tu te mets en avant, plus tu offres de munitions aux gens pour te critiquer. Il vaut mieux briller sur le terrain et faire profil bas en dehors, parce que ta vie privée ne les concerne pas." Et d'une certaine manière, il a raison», confiait-il au printemps 2017 à DW Sports.

Gernot Rohr : «Il respire le football !»

Mais ce n'est évidemment pas son côté pudique qui a fait pencher la balance en sa faveur dans l'esprit de son sélectionneur. Au contraire. Julian Brandt et son jeu tout en prise de risques («J'aime provoquer les défenseurs, les déséquilibrer, ça fait partie de moi») ont marqué des points en sélection quand d'autres, dont Leroy Sané, étaient absents. «Julian était à la Coupe des Confédérations l'an passé, et il y a fait de très bons matches», a rappelé Löw dans son plaidoyer. Son concurrent direct, lui, avait déclaré forfait pour subir une opération du nez. Mauvais timing. Car le niveau international, c'est encore autre chose, et Sané «n'a pas encore complètement franchi le pas» selon le coach allemand, à l'image de sa performance moyenne en Autriche samedi (1-2). En douze sélections (pour une passe décisive), le Citizen n'a que trop rarement offert les mêmes prouesses qu'en club.

Brandt, lui, ne fait pas beaucoup mieux dans les chiffres (quinze sélections, un but et deux passes), mais affiche déjà une participation aux JO 2016 et à la Coupe des Confédérations 2017. Surtout, il offre plus «d'équilibre» et de «flexibilité» à Joachim Löw, qui apprécie notamment ses efforts défensifs. Il y a un an, FF avait interrogé le technicien franco-allemand Gernot Rohr sur les fers de lance de la nouvelle génération allemande. Le chouchou du sélectionneur de Nigeria ? Un certain Julian Brandt : «Lui, c'est très, très fort. Rapide, technique, polyvalent, passeur et buteur... Son intelligence de jeu est frappante : il capte très vite les informations, fait les bons choix, anticipe... Il respire le football !» Plutôt que de se lamenter sur l'absence de l'un, ne faudrait-il pas se réjouir de la présence de l'autre ?