À Leipzig, la nouvelle vie de Jean-Kévin Augustin

Face à l'OM, Jean-Kévin Augustin voudra montrer le joueur qu'il est en train de devenir un peu moins d'un an après son départ du PSG.

Quitter le PSG pour Leipzig était un pari. Aujourd’hui, tout ou presque donne raison à Jean-Kévin Augustin qui avait fait le choix de rejoindre un club en plein essor pour s’exprimer au plus haut niveau. Auteur de débuts tonitruants qui l’avaient vu marquer 3 buts et donner 2 passes décisives lors de ses 6 premiers matches de championnat, l’ancien parisien a traversé une période délicate avant de refaire surface ces dernières semaines et de s’imposer dans le top 10 européens des joueurs les plus décisifs de sa génération*. Ce jeudi, le jeune attaquant a l’occasion de disputer un quart de finale de Coupe d’Europe face à un club français et de montrer que ses 9 mois d’apprentissage de l’autre côté du Rhin portent leurs fruits.

Dire que Jean-Kévin Augustin n’avait aucune notion du très haut niveau avant son départ du PSG serait inexact. En deux saisons avec son club formateur, le jeune homme était apparu à 31 reprises (9 titularisations) et s’était même signalé avec 3 buts et 2 passes décisives. "Il marquait énormément avec les jeunes, en championnat ou en Youth League, se souvient son ancien entraîneur François Rodrigues. Il avait aussi prouvé qu’il en était capable chez les professionnels alors qu’il n’avait pas 19 ans." Bloqué par Edinson Cavani avant les arrivées de Neymar et de Kylian Mbappé, "JK" était donc parti à la découverte d’une nouvelle réalité : celle d’un joueur de premier plan dans un club de l’élite européenne.

Avec 32 matches dont plus de la moitié disputés en tant que titulaire, le jeune attaquant a bien commencé à se faire une idée. "Il a découvert un autre football et une méthodologie de travail plus rigoureuse, reprend François Rodrigues. Les joueurs qui arrivent longtemps avant l’entraînement, les repas en commun, les mises au vert, le travail d’idéaux approfondi. Il a eu du mal au début mais il s’est adapté". Aux règles de vie, aussi, d’une institution exigeante qui lui apprend à dompter son caractère bien trempé, à évoluer et à "se canaliser", ce "qu’il est en train de faire", selon son ancien éducateur. En privé, l’international français partage son bonheur d’avoir rejoint un club familial, échange volontiers sur ce qu’il y fait au quotidien, sur son travail et une progression qui semble désormais passer par la pleine exploitation de son temps de jeu.

Habitué à être un élément central chez les jeunes du Paris Saint-Germain, Jean-Kévin Augustin a cultivé une certaine facilité qu’il ne peut exercer à l’échelon supérieur. Là où il finissait très souvent par faire la différence sur l’ensemble d’une rencontre, le jeune attaquant doit apprendre l’efficience même s’il ne dispute qu’une poignée de minutes. "Il ne joue pas tout le temps et il doit sans cesse faire ses preuves. Il n’a souvent que quelques minutes pour être décisif et c’est une source de stress. Lorsqu’on arrive sur le très haut niveau, il faut savoir rentabiliser le temps de jeu et c’est ce qu’il est en train d’apprendre à faire", témoigne François Rodrigues qui suit de près l’évolution de son ancien joueur.

Très apprécié par son coach Ralph Hasenhuttl, Jean-Kévin Augustin évolue à Leipzig dans un environnement favorable qui ne suppose pas l’absence de concurrence. Derrière Timo Werner dans la hiérérchie des attaquants, Augustin fait partie de la rotation avec Emil Forsberg, Armindo Bruma ou Yussuf Yurary Poulsen. Convaincant dans le jeu, le Français peine parfois à convertir les occasions franches qu’il parvient à se créer grâce à ses qualités physiques largement mises en avant. "À l’entraînement, il marque sur ce genre de situations mais malheureusement pas en match. Jean-Kévin doit être plus tueur et il doit avoir l’envie de se récompenser. Parfois, il est trop irréfléchi", expliquait récemment Hasenhuttl à son sujet. Des critiques qui trouvent écho dans les observations de François Rodrigues. "Il doit peut-être se concentrer davantage sur ses derniers gestes. Il a tendance à vouloir frapper très fort et manque parfois de finesse ou de tact selon les situations. Mais il n’a pas encore atteint sa plénitude. Il a une grosse marge de progression et je pense qu’il lui faut encore deux ou trois ans pour le voir arriver sur la scène internationale." Pour accéder au dernier carré de l'Europa League, l’OM n’espère pas le voir prendre un peu d’avance sur ce timing.